J'habite sur le chemin de la gare.
En fait toute la ville passe devant chez moi pour prendre de train.
C'est un peu grâce à ça que je l'ai remarqué.

Quand je suis devant chez moi
a m'occuper de mes violettes,
ou en train de prendre mon courrier dans ma boite aux lettres,
ou a rentrer ma poubelle,
enfin quelque soit l'heure du jour ou de la nuit.

Beaucoup, parmi les gens qui passent devant chez moi,
se parlent pour eux même.
Ils sont des milliers seuls dans leur tête.

Au son de ces voix, parfois je sursaute.
Je crois que ces paroles sont pour moi.
Non même pas.

J'imagine parfois les conversations de ces passants,
Les mots qu'ils se dissent pour ne pas oublier, ce qu'il ne faut pas oublier.
Les arguments qui préparent pour leur patron tyrannique, mais qu'ils n'oseront finalement pas contredire.
Toutes ces paroles qu'ils voudraient dire à l'être aimé, mais qui n'arrive jamais à franchir leurs lèvres au moment voulu.

Il faut que j'arrête de parler tout seul ...
Alors pour la peine, je chante.

Au bout de cinq à six semaines,
Les vivres vin-vin-vinrent à manquer
Ohé ! Ohé !

On tira z'a la courte paille,
Pour savoir qui-qui-qui serait mangé,
Ohé ! Ohé !

Pourquoi une chanson pour enfant est elle aussi triste ?