Les lèvres blanchies d'avoir été trop mordu.
Vide, vidé, emporté par le néant et le manque. Je ne suis pas près d'être sevré.
La fatigue m'envahie mais le sommeil ne veut pas me prendre dans ces bras.
Dehors il pleut sans discontinuer, le vent est fort et les gouttières n'en peuvent plus de ce flot ininterrompu.
Plié en deux dans mon lit, j'essai tant bien que mal d'expulser toute cette colle qui me remplie les bronches et me fait suffoquer. Je tourne et je retourne dans mon lit, et je tourne et je retourne dans ma tête. Le temps passe et je passe le temps avec une lenteur indécente. Je lis sans conviction des magasines de gares mais les quelques articles intéressants ont leurs pages arrachées.
Je pense à elles. Je pense à elle. Je rêve de pleurs, de cris, de coups qui font mal, mais beaucoup moins mal que la muette indifférence. Je regrette mes faiblesses. Je regrette d'avoir si souvent cédé à mes plus bas instincts, et j'espère que je saurais me montrer plus fort. Pour détourner mon esprit de ces pensées désagréables, je fais mal à mon corps à coups de fonte et en le gavant d'insipide.
Il me paraissent bien long ces deux jours de solitude.