Alors que la réunion était terminée, il est resté avec moi dans la pièce. C'est le plus ancien des conseillers et certainement le plus sage.
Je l'admire secrètement. Son aspect, soigné et sobre. Son uniforme impeccable, n'arborant de ses décorations que celles qui ont de l'importance à ces yeux. La justesse de son jugement, sa fidélité sans faille, son calme en toute circonstance. Les épreuves qu'il a traversé, les victoires qu'il a remporté. Tout chez lui m'inspire un profond respect. Pour moi, il ne fait aucun doute que je souhaiterai lui ressembler, même si pour cela j'ai encore beaucoup d'effort à fournir.
Je sais que s'il est là à m'attendre c'est pour s'entretenir avec moi d'une chose importante et qu'il s'il a attendu d'être seul avec moi, c'est qu'il s'agit d'un sujet intime.
Je laisse s'écouler quelques secondes pour reprendre mes esprits après le monceau de décisions qu'il a fallut prendre tout au long de la nuit. Puis, je me lève et je viens me placer près de lui pour lui montrer que je suis prêt à l'entendre.
"Même en étant arrivé parmi nous que depuis peu de temps Commandeur, vous n'êtes pas sans connaître notre histoire. Le fait que notre civilisation soit restée cachée aux yeux des humains pendant ces milliers d'années n'est pas seulement du l'incompatibilité de nos deux races. C'est aussi parce qu'ils sont mauvais. Leur développement a failli nous être fatal, comme il est fatal pour la planète tout entière. Avec vous, nous pouvons changer les choses, mais il nous faudra être prudent. Nous ne pourrons pas effacer en quelques mois ou même quelques années toutes ces peurs, tous ces morts et dans leurs esprits et dans les nôtres.
Cette femme pour qui vous avez des sentiments. Certains ont peur de la confiance que vous lui avez accordé. Vous lui avez dit qui nous sommes, ce que nous sommes et vous l'avez conduit parmi nous. Aujourd'hui vous êtes sur qu'elle ne vous trahira pas, mais chez les humains, rien n'est jamais acquis. Nous aurons à veiller à cela, toute sa vie.
Ayant terminé sa phrase, il se tourne pour regarder au fond de mes yeux.
J'acquiesce d'un hochement de tête, mais ne dit pas un mot.
Pendant qu'il quitte la pièce, je me dis qu'il a comme toujours raison.