Ce n'est pas le premier texte de chanson que je met sur mon joueb. Les précédents je les ai mis sans ajouter d'explications sur leur présence ici. Si je publie des textes D'autres, ce n'est pas seulement que je les aime et les trouve beaux, mais c'est qu'ils représentent quelque chose pour moi. Aussi je me rends compte maintenant que c'est stérile de mettre ces textes sans y ajouter un petit mot de ma part. Promis je le ferais plus, et je vais ajouter un mot aux textes précédemment publiés.
Il y a quelques années, la période entre mes deux vies, j'ai travaillé à la chaîne. Ce n'était pas une fabrique comme dans la chanson, mais ça y ressemblait beaucoup. Le travail n'était pas facile voire même pénible, mais ça n'était non plus très dur de le supporter. Des heures et des heures à répéter toujours les mêmes gestes, cela laisse du temps pour penser et ça fait aussi passer le temps un peu plus vite. Cette chanson me touche et/car elle me rappelle cette période de ma vie. Je m'identifie aux paroles, bien que je ne sois pas une fille et que je n'ai pas trois gosses à nourrir. Mon grand-père est mort sur une île et mon père m'avais prévenu de pas m'enfuir avec cette fille.
Pendant ces quatre années passées à travailler sur la chaîne, j'ai vraiment cru que j'y resterai toute ma vie. A penser que ma vie a été gâché qu'il me fallait oublier tout ce que je souhaite. J'ai passé tant d'heures a rêver qu'une fois au moins j'aurai voulu avoir la chance de certains.
Même si maintenant j'ai changé de vie, je n'oublie pas. Cette chanson reste au fond de moi pour m'aider à me souvenir.
Mon grand-père était un marin,
Il a dû mourir sur une île,
Mon père avait une ferme,
Et moi je suis sa seule fille.
Je me suis enfuie avec ce voyou
D'un village des alentours,
Aujourd'hui il s'étouffe dans son alcool,
Et me laisse seule
Avec nos trois gosses à nourrir.
À la fabrique c'est pas facile,
C'est pas non plus très dur,
Mais ce sont ces heures qui défilent,
Et puis cette horloge sur le mur.
Le premier rêve qui passe
L'aide à tenir jusqu'à midi,
Où j'ai quelques minutes d'espace
Pour prendre un sandwich,
Boire un café, et m'asseoir.
Autrement c'est moi et la machine,
Jusqu'à ce que la sirène le décide,
Jusqu'au bout de l'après-midi,
Jusqu'au bout de ma vie.
Malgré moi mon cœur s'en retourne
Vers cette maison dans les terres,
Où j'ai passé tant d'années d'amour
À danser sur les bras de mon père.
Ces histoires de marins perdus,
Ces orages sur le lac Erié,
Ces navires à jamais disparus,
Avec leurs voiles grandes
Comme des morceaux de ciel.
Oui mais c'est ma vie qui a été gâchée,
Et c'est moi qui ai eu tort
De laisser cette fabrique
Pour bien utiliser mon corps.
Moi je vais rentrer chez moi ce soir,
Je vais regarder mes mains,
Je vais me dire qu'au moins une fois
J'aurais aimé avoir la chance
D'aller plus loin.
Mais je vais travailler ici
Et oublier tout ce que je souhaite,
Peut-être ne jamais rencontrer
L'homme dont le nom
Est sur l'étiquette.
Ce sera moi ou la machine
Jusqu'à ce que la sirène le décide
Jusqu'au bout de l'après-midi
Jusqu'au bout de ma vie.
James Taylor. Adaptation : Francis Cabrel, S. Glespen 1984