J'ai longtemps cru que j'étais fils unique, jusqu'à l'âge dont je ne me rappelle plus où j'ai été assez grand pour aller faire un fiche d'état civil à la mairie tout seul. L'employée de mairie me dit "c'est pour le second enfant ?" Je lui répond "non, je suis le seul enfant", j'avais tord !

Avant même cet épisode, j'ai souvent mal vécu de n'avoir ni frère, ni soeur. Mes parents travaillaient beaucoup ils étaient peu présent mais ça tombait bien je savais me garder tout seul. Ils sortaient peu et avaient peu d'amis, j'ai hérité de ce caractère/comportement. Bien que la solitude me soit difficile à supporter ma timidité, c'est muée en oursitude. A l'école, j'avais peu d'amis, discret à l'extrême je n'étais pas populaire. Je regardais les autres enfants de loin sans oser me joindre à leurs jeux. Comme je n'avais pas le courage d'aller aux devants des autres, je rêvais qu'un ami me tombe du ciel, un ami qui ne pourrait pas que quitter parce que l'on est de la même famille et que ma famille à cette époque là, elle était soudée et indestructible.

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours souhaité une soeur plutôt qu'un frère. Je ne m'explique pas pourquoi. C'est un mystère, dont je ne suis pas sur de vouloir ôter le voile. Je ne me souviens pas avoir demandé à mes parents de m'acheter une petite soeur, je ne crois pas d'ailleurs que sache à cet âge là dans quel magasin ont les trouvent. Aussi pour combler ce manque de soeur, j'ai souvent chercher dans des amitiés féminines celle qui aurait pu être ma confidente, mon empoisonneuse d'existence quotidienne, avec qui j'aurai tout partagé avec une complicité sans fin. Hélas, j'ai toujours lamentablement échoué dans cette quête. 

Avec mes manières d'ours, brutales et maladroites qui font peur et ma timidité de bernard l'ermite qui se cache au fond de sa coquille à la moindre vague, je n'ai jamais réussi à faire comprendre ces sentiments à celles que je jugeais digne d'être ma soeur. D'autre part, c'est une responsabilité voire un sacerdoce que de me supporter aussi les candidates ne se bousculaient pas. Une ou deux ont été suffisament émue pour tenter l'expérience, mais cela à n'a pas durée, car les liens du sang sont bien difficile à fabriquer si l'on a pas de passé commun.

Je n'ai pas connu ma soeur. Elle est née avant moi, mais elle est morte-née. Ce fut drame terrible pour mes parents. Ils ont choisi de taire leur désespoir en n'en parlant à personne pas même à moi. Je respecte leur choix, je n'aurai pas voulu souffrir ce qu'ils ont du souffrir. Si elle avait vécu, je ne me serais pas chercher d'autre soeur, j'aurai aimé celle là.

Je t'aime ma soeur qui n'a pas vécu assez longtemps pour avoir un prénom.