Villys qui a regardée aujourd'hui ces camarades lécher avec humilité leur copie m'a donnée envie de vous parler du tourniquet qui se trouve à l'entrée de l'entreprise où je travaille. Je sais que ceux qui vont lire ces lignes jusqu'au bout vont désormais me considérer comme l'idiot du village, mais tant pis je me tape la honte.

Comme c'est le cas dans de plus en plus d'endroit, il n'est pas possible de rentrer sur mon lieu de travail sans montrer patte blanche. La vérification de la blancheur de la dite patte se fait à l'aide d'une carte en plastique que l'on glisse dans une fente, et ... sésame ouvre toi  ... le petit tourniquet point de passage obligé pour rentrer ou sortir du théâtre de mon labeur quotidien se met en branle.

D'apparence banale, le tourniquet en question est en fait une arme de torture psychologique de premier ordre imaginée par notre très détestable et très despotique DRH. Tentez d'imaginer l'objet : Il s'agit d'une sorte de cylindre dans lequel est disposé des parois de verre tournant autour d'un axe. Les quatre compartiments ainsi formés ont chacun la taille d'une cabine téléphonique exiguë. Il n'est pas possible comme parfois dans le métro de passer outre le tourniquet. Ce dernier est motorisé et doté de sécurité anti-accidents, c'est à dire que s'il rencontre un obstacle il s'arrête de tourner immédiatement. Décrit comme ça, l'appareil à l'air innocent, mais ce n'est qu'une apparence trompeuse.
Il s'agit belle est bien d'une machine infernale ! 
A cause sa petitesse et sa vitesse de rotation, chaque employé doit rituellement rentrer et sortir dans l'entreprise à petit pas humbles. Le même genre de pas que devaient adopter les bagnards pour ne pas que leurs fers entaillent trop durement leurs chevilles. Ceux qui par esprit rebelle ne respecte pas le rythme imposé par l'odieux appareil se retrouvent immédiatement bloqués à l'intérieur et sont obligés ressortir en marche arrière (toujours à petits pas) et de recommencer le rituel depuis le début.
C'est diabolique ! En agissant ainsi nous sommes tous obligé de rentrer dans le rang.

Un matin alors que j'arrivai en chantonnant, mon directeur me fait compliment de mon apparente bonne humeur. Et moi de lui répondre : Monsieur, les esclaves dans les champs de coton chantaient eux aussi ... j'ai pas eu d'augmentation depuis ce jour.

Il n'est pas nécessaire que vous lisiez ce qui suit. En effet l'anecdote ci après n'est vraiment pas flatteuse pour moi.

Un jour j'ai eu besoin de transporter un carton d'un bâtiment de mon entreprise à un autre. Ce qui m'obligeai à passer par le tourniquet maudit. C'était un carton vide d'écran informatique, le genre de carton léger mais encombrant. Mon cerveau ce jour là avait du partir en RTT sans moi, car j'ai chercher un bon moment comment je pouvais passer de l'autre coté de l'appareil diabolique avec mon carton. Après quelques mesures visuelles, j'ai remarqué que le compartiment était juste assez grand pour contenir le carton, mais il n'était pas question que l'on passe tout les deux. Alors j'ai eu l'idée de génie de mettre le carton dans le tourniquet, de faire tourner ce dernier pour envoyer mon carton de l'autre coté ... Mais une fois que mon carton était de l'autre coté, moi je n'y étais pas pour sortir le carton du tourniquet. Je me suis mis à mon tour dans la machine pour le rejoindre, mais mon carton qui était toujours à sa place dans le tourniquet est revenu à son point de départ.
Alors je résume
- j'ai réussi à rentrer le carton
- j'ai réussi à rentrer moi aussi mais le carton est ressorti
Résultat je suis dedans et lui dehors. mais quel con ! mais quel con !
Bon je vais redéclencher le tourniquet, logiquement le carton devrait venir de mon coté ... mais bien sur alors qu'il avait fait un tour complet sans râler, mon ami le carton à décider de faire sa mauvaise tête et de se mettre en travers bloquant complètement l'appareil.
J'ai été obligé d'appeler (mort de honte) les vigiles pour qu'ils déverrouillent le tourniquet. Je crois que depuis ils ont une fiche à mon nom dans leur bureau : l'idiot au carton.