Sur la route, je rêve en silence les yeux ouverts.
Je me vois fabriquer un faux dépliant d'agence de voyage.
Pour te faire la surprise et m'amuser.
Un séjour en famille, tout simple et pourtant à découvrir.
Tu poses des jours de congés et c'est déjà le jour du départ.
Il faut se lancer dans l'aventure.
On passe te chercher avec le p'tit dans le pick-up à trois essieux.
A l'arrière on charge ton vélo avec les nôtres.
Sur la route, on est heureux
On chante à tue-tête. On chante faux mais qu'importe.
Dans nos yeux brillent des étoiles de bonheur.
Aux changements de vitesses, nos mains s'étreignent un instant.
Je te laisse conduire pour que tu prennes confiance en toi.
On s'installe dans notre maison de vacances.
Vivre enfin ensemble quelques jours.
Je te regarde donner la main à mon fils.
Vous êtes déjà complice.
Il ne veut pas mon histoire pour s'endormir, mais la tienne.
Demain matin aux aurores il sautera sur notre lit et viendra se mettre entre nous un peu jaloux.
Je me lèverai pour préparer le petit déjeuner en vous laissant faire des câlins tous les deux.
La voiture continue son chemin, le paysage défile sans importance.
Je voudrais vraiment être exaucé.
Commentaires :
Re:
Merci Sherman pour ces mots, qui m'ont tellement touché que je suis resté sans voix si longtemps.
Je te connais peu et je connais assez peu ton histoire, mais tu as traversé les épreuves au devant desquelles, j'ai aujourd'hui choisi d'aller. Et quand je pense à vous deux, vous trois, vous cinq, je me dis que "oui c'est possible".
Aujourd'hui,
J'ai choisi ma route,
J'ai choisi mes souffrances, mes espoirs de bonheur.
Je me suis levé et j'ai quitté la croisée des chemins.
J'ai encore à marcher, beaucoup.
Mais j'ai envie de voir, si au bout de la route.
Il y a mes rêves.
Merci encore de ton passage.
Mais avant de m'y engager, je me suis retrouvé à une croisée de chemins et j'ai dû faire le plus terrible des choix : mourir pour pouvoir commencer à vivre. Accepter l'échec pour pouvoir s'essayer au succès. Accepter la culpabilité, accepter ses propres torts, accepter de perdre tout ce que l'on a cru important - pour sauver l'essentiel : sa vie.
Cette route, on n'y accède qu'en s'acquittant de tout ce qui pèse, encombre et rend amer. La seule charge admissible est celle de notre âme. L'épreuve du feu et de la vérité est terrifiante et, oui, assez douloureuse. Car le rideau de flammes consume aussi nos illusions, notre vanité, notre mauvaise foi, pour nous laisser aussi nus qu'au premier jour. Mais au fond, c'est exactement ce qui nous arrive quand nous tombons amoureux.
La différence, sensible, est que si l'amour nous consume souvent malgré nous, nous pouvons choisir de nous soustraire au choix de la croisée des chemins.
Seulement voilà, sans avoir choisi, pas de route. Sans petite mort, pas de renaissance. Sans souffrance, pas de bonheur. Pour avancer, il faut savoir regarder en arrière et, depuis le point de non retour, voir brûler les ponts qu'on a empruntés.
A toi de te lever et d'avancer. Rien n'est pire que de subir une malédiction statique. Courage.