L'évènement tant redouté est arrivé.
Une semaine de doutes et d'angoisse,
serrer le dents, ne pas trop y penser.
Se dire que c'est peut être pas ça, qu'on est pas médecin.
Et pourtant c'est arrivé.
Elle a perdu le bébé samedi soir,
Nous avons perdu le bébé samedi soir.
Pauvre petit haricot de quelques semaines,
Nous nous étions trop vite heureux de voir le test positif.
Nous avons trop voulu que la couleur du petit bâton change.
Nous avons trop pensé qu'il était déjà là.
Comme c'est bête d'avoir penser à lui préparer sa chambre,
à changer de voiture,
à garder les affaires de son grand frère,
à changer nos vies pour son arrivée,
aux joies qu'il allait nous apporter,
aux joies qu'ils allaient nous apporter, maintenant qu'ils vont être deux.
C'est à cause de toutes nos pensées, tous nos rêves, que l'on a tant de peine.
Il est parti très vite quand on y pense.
Une douleur plus forte, une heure à peine.
Elle a fouillé ces pertes pour être certaine.
Ceux qui trouve ça glauque, se trompe.
Il n'y a plus de tabou quand il s'agit de vie qui se sauve.
Il n'y a rien de sale quand il y a l'amour.
Et puis c'est mieux de savoir, plutôt que de ce morfondre tout le week-end.
Déçu, triste, mais libéré de cette attente insupportable.
On se console comme on peut.
Dérisoires pensées.
Heureux d'être déjà parent.
Se dire que c'est mieux,
que la nature élimine d'elle même les plus faible,
que l'on va recommencer juste après.
Ce soir, j'ai quand même la gueule de bois
Mistral Gagnant de et par Renaud Séchan 1985
A m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
Et regarder les gens tant qu'y en a
Te parler du bon temps qu'est mort ou qui r'viendra
En serrant dans ma main tes p'tits doigts
Pis donner à bouffer à des pigeons idiots
Leur filer des coups d' pieds pour de faux
Et entendre ton rire qui lézarde les murs
Qui sait surtout guérir mes blessures
Te raconter un peu comment j'étais mino
Les bonbecs fabuleux qu'on piquait chez l' marchand
Car-en-sac et Minto, caramel à un franc
Et les mistrals gagnants
A r'marcher sous la pluie cinq minutes avec toi
Et regarder la vie tant qu'y en a
Te raconter la Terre en te bouffant des yeux
Te parler de ta mère un p'tit peu
Et sauter dans les flaques pour la faire râler
Bousiller nos godasses et s' marrer
Et entendre ton rire comme on entend la mer
S'arrêter, r'partir en arrière
Te raconter surtout les carambars d'antan et les cocos bohères
Et les vrais roudoudous qui nous coupaient les lèvres
Et nous niquaient les dents
Et les mistrals gagnants
A m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
Et regarder le soleil qui s'en va
Te parler du bon temps qu'est mort et je m'en fou
Te dire que les méchants c'est pas nous
Que si moi je suis barge, ce n'est que de tes yeux
Car ils ont l'avantage d'être deux
Et entendre ton rire s'envoler aussi haut
Que s'envolent les cris des oiseaux
Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie
Et l'aimer même si le temps est assassin
Et emporte avec lui les rires des enfants
Et les mistrals gagnants
Et les mistrals gagnants
Commentaires :
Je suis désolée pour ce qui t'arrive. Je ne peux pas comprendre parce que... mais je compatis et je t'envoie une chaleureuse pensée. Pour ce que tu vis, et parce que quand je n'ai pas été bien, tu m'en as envoyé plein.
Quand j'ai avorté, ce n'est pas parce que je ne voulais pas le garder, mais parce que la grossesse n'aurait pas été viable. Ca a été un moment terrible pour moi, car j'avais les symptomes de la femme enceinte, et j'ai eu l'impression de perdre une partie de moi. Ma mère, qui est une très grande sage et infirmière, m'a dit: "Tu sais, Fabienne, si ce bébé n'est pas arrivé à terme, c'est qu'il n'était pas destiné à ça. Il faut accepter que la nature puisse faire son oeuvre." Ben sur le coup, ça peut paraitre anodin, mais ça m'a fait du bien.
Alors voilà. Il y aura d'autres bébés. Je vous embrasse fort.
Ne pas me taire
la vie n'est pas toujours juste ... Il y a d'un côté ceux qui espèrent, de l'autre ... mais tu sais de quoi je veux parler.
Mistral Gagnant est assurément la plus émouvante de toutes les chansons d'amour...
Heureux d'être déjà parent.
Se dire que c'est mieux,
que la nature élimine d'elle même les plus faibles,
que l'on va recommencer juste après...
Bonne chance à vous deux ...
La douleur ressentie est proportionnelle à l'idéalisation que l'on s'était inventé.
Merci a tous pour ces petits mots qui m'ont beaucoup touchés.